Au moment où le reportage débute, en janvier 2014, la Centrafrique est ravagée par des violences communautaires. La Séléka, une coalition de rebelles et de mercenaires majoritairement musulmans, a pris le pouvoir en mars 2013 à la faveur d'un coup d'Etat. Le président en place, François Bozizé, a été chassé du pays par le nouvel homme fort, Michel Djotodia. Pillages, meurtres, exactions : les miliciens de la Séléka martyrisent pendant des mois la population civile, en particulier les chrétiens. Des villageois et des anciens militaires centrafricains tentent alors de s'organiser pour se protéger en créant un groupe d'autodéfense, les anti-balaka. Séléka (musulmans) contre anti-balaka (chrétiens) : les règlements de comptes se multiplient. Face au risque de génocide, Paris déclenche alors l'opération Sangaris, le 5 décembre 2013, en envoyant 1.600 hommes sur le terrain. Mais le contingent français est vite débordé. Si la Séléka accepte la plupart du temps de baisser les armes, les miliciens Anti-balaka se vengent sur la population musulmane malgré les appels au calme des dignitaires religieux. Lynchages, pillages : le chaos s’installe. Un véritable nettoyage ethnique s'opère : les musulmans chassés de la capitale Bangui et des localités du centre, se réfugient au nord, non loin de la frontière avec le Cameroun et le Tchad. Conséquence : le pays plonge dans une crise humanitaire sans précédent, des milliers de civils sont obligés de fuir, des camps de fortune se forment dans tout le pays. Les conditions sanitaires sont déplorables, la malnutrition gagne du terrain jour après jour. Entre chrétiens et musulmans la violence s’installe au quotidien.
Laurence Geai Photojournalist
Laurence Geai is a self-taugh photojournalist since 2014. She is distributed by Sipa agency. She covers conflicts and their consequences. She also works in France, where she lives.